Wallonie: les rues commerçantes de plus en plus désertées

http://www.rtbf.be/info/regions/detail_wallonie-mauvais-bilan-en-matiere-de-commerce-pour-les-annees-2014-2015?id=9070097

L’AMCV (Association du Management de Centre-ville) présentait ce matin à Mons les chiffres clés et les principales évolutions en matière de cellules vides et de densité commerciale pour l'ensemble de la Wallonie.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation générale du secteur est loin d’être positive. Première tendance lourde avancée : de nombreux centres villes se réduisent comme peau de chagrin. "De plus en plus de commerces ferment et sont remplacées par du logement", explique Jean-Luc Calonger, de l'AMCV. Il a donc fallu "redessiner" les hyper-centres. "Si l'hyper-centre de Namur, Liège ou La Louvière montre un maintien depuis 2010, les rues principales de Mons, Verviers et Charleroi sont en chute importante. L'explication de ce phénomène est le développement de nouveaux mètres carrés commerciaux dans les périphéries et la mauvaise santé des centres-villes", poursuit le spécialiste. 
Le taux de cellules vides en augmentation
A l'échelle de toute la Wallonie, le nombre total des commerces est passé sous la barre des 10 000 magasins. Le taux des cellules vides est lui en augmentation, il s’élève à 17%, en moyenne. "Le phénomène s'intensifie", note Jean-Luc Calonger. Au hit-parade des villes les plus mal en point, on trouve Charleroi, avec 27% de cellules inoccupées, Châtelet, 29% et Verviers, 30%. Des villes comme Tournai (21%), Mouscron (24%), Arlon (22%) ou La Louvière (19%) sont "en crise", selon l'AMCV.
A contrario, certaines villes témoignent d'une véritable dynamique commerciale. En tête, Louvain-la-Neuve, avec seulement 3% de cellules inoccupées ("c'est l'effet Esplanade"), Waterloo, Malmedy ou Namur. "Notons que des petites villes comme Hannut ou Bastogne s'en sortent bien aussi". Est-ce grave, si le nombre de cellules vides est en augmentation dans une ville? "Pas nécessairement", tempère Jean-Luc Calonger, qui redoute beaucoup plus un autre phénomène. "Lorsque, dans des villes comme Ath, Eupen, Philippeville, Nivelles, vous voyez que le nombre de cellules vides diminue, PARCE QUE les commerces sont remplacés par du logement, tout simplement! C'est un phénomène souvent irréversible, structurel, donc plus grave..."
Moins de monde dans les piétonniers
L'AMCV a voulu faire un "zoom" sur les rues piétonnes, les highstreets. "Cela n'a pas toujours été simple, à Tournai, par exemple, les habitants ne savent même plus où se trouve la rue commerçante principale!", explique Jean-Luc Calonger. Que disent les chiffres? "On constate une chute vertigineuse de la fréquentation de ces highstreets dans des villes comme Verviers, Mons et Charleroi". La plus grosse ville hainuyère a subi depuis 2007 une baisse de plus de 40% de son flux piéton.
A La Louvière, on est à 27% de diminution, 24% à Mons. "Attention, le phénomène est général!", tempère le représentant de l'AMCV. À l’échelle belge, une baisse de fréquentation a été observée partout, y compris dans les gros centres commerciaux type City2! Depuis 2007, la baisse enregistrée est en moyenne de 15%. Il ne faut pas y voir qu'une conséquence de l'e-commerce. "C'est plutôt lié à la multiplication des pôles commerciaux!".
Bien penser les centres commerciaux "dans la ville"
La Louvière a son projet "Strada", Charleroi "Rive Gauche"...Pour Jean-Luc Calonger, la conception de ces centres commerciaux doit être réfléchie en profondeur, afin d'éviter qu'ils ne "tuent" le commerce dans les rues adjacentes. "Il est très important que ces grands centres commerciaux soient pourvus de multiples sorties, qui déouchent sur d'autres rues du centre-ville. Il faut éviter absolument ces cas de figure où les particuliers se garent sous le centre commercial, puis montent dans les étages, et le quittent directement une fois leurs achats effectués!". Le centre commercial de Courtrai ("K in Kortrijk") lui semble un exemple à ne surtout pas suivre, totalement coupé du reste de la ville.
Mons, un cas d'école inquiétant
Les nouvelles ne sont pas bonnes, pour la cité du Doudou. "A l'inverse des autres villes, on constate qu'il y a encore plus de cellules vides dans la rue piétonne que dans le reste du centre-ville! Ce n'est pas logique! Les chiffres montrent qu'en juillet 2013 10% des cellules étaient vides. En juillet 2015, nous étions à 23% de magasins inoccupés. C'est plus rapide que partout ailleurs", poursuit Jean-Luc Callonger, qui s'attend à une baisse encore plus marquée suite à l'ouverture d'Ikea.
Dans ses conclusions, l'AMCV déplore les niveaux de loyer, "anormalement élevés", dans les rues principales, et se félicite de voir des initiatives "booster" certains centres-villes. "Des opérations de type Créashop, opensoon, favorisant les jeunes indépendants, les artisans, les artistes". Pour Jean-Yves Callonger, ce type de projet commercial a un bel avenir, dans les hypercentres.

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