Le problème de l'eau en Palestine

Carte 1 : Proche-Orient, l’eau convoitée (Philippe Rekacewicz — juin 2000)
Source : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/israeleau2000


Le problème de l'eau en Palestine


L’ « or bleu » n’a jamais aussi bien porté son nom qu’au Proche-Orient. En effet, l’aridité prouvée de la région donne à l’eau une importance toute particulière. Cette rareté hydrique couplée à une situation politique déjà très tendue ne fait qu’exacerber les tensions entre les différents acteurs de cette région et suscite des convoitises. La conserver, ou la conquérir reflète de la sécurité nationale pour l’ensemble des Etats de la région, Israël en particulier. Par exemple entre Israël et la Syrie, lorsque la perspective d’un accord sur le plateau du Golan a échoué pour des raisons liées à l’accès de chacune des parties aux eaux du lac de Tibériade en 2000. On peut citer aussi les tensions liant Israël et son voisin la Jordanie concernant la politique d’exploitation injuste, selon Amman, des eaux du Jourdain par l’Etat hébreu. Et surtout, dans les Territoires palestiniens, où le fait d’être Israélien et habitant d’une colonie confère des avantages hydrauliques autrement plus importants que dans le cas des Palestiniens.
  1.   Le climat du Proche-Orient : un déficit hydrique indéniable
    Les caractéristiques climatiques de la région sont méditerranéennes. C’est-à-dire que les étés sont sec et chaud, tandis que les hivers sont plutôt humides et doux. Cependant, il convient de constater que la région souffre d’une évidente pénurie en eau ne touchant pas toutes les zones géographiques de la même façon. Israël et les Territoires palestiniens sont, à cet égard, très mal lotis. Au déficit hydrique de base lié au manque de précipitations, la région souffre d’un déséquilibre structurel entre ses réserves et une consommation en constante augmentation à cause de la croissance démographique, du développement économique (l’agriculture irriguée principalement) et de l’urbanisation.
    Les réserves en eau de la région sont essentiellement constituées des nappes phréatiques et des fleuves qui irriguent la région. Les nappes phréatiques se situent essentiellement en Cisjordanie et fournissent 450 millions de m3 annuels d’eau douce, les eaux du Jourdain, du lac de Tibériade et celles de la zone de confluence du Jourdain et du Yarmouk, fournissent un total de 600 millions de m3 par an. Au total, ce sont ainsi environ 270 m3/an/habitant d’eau douce renouvelable qui sont accessibles à l’état naturel. La région est donc largement dans une situation de « manque d’eau », puisque le niveau est de loin situé en dessous du seuil de 1 700 m3/an/habitant qui définit une situation de stress hydrique, et en dessous de celui de 1000 m3/an/habitant qualifiant une situation de pénurie.

  2.  La distribution de l’eau en Palestine : une injustice flagranteOn le voit, la situation en matière d’eau des Israéliens et des Palestiniens est extrêmement inquiétante. Il n’y a pas de doute ! D’autant plus que pour ces deux peuples, l’agriculture y occupant une place importante (4 % de la population active en Israël et 27 % en Palestine), l’eau revêt une importance toute particulière.
    Cependant, Israéliens et Palestiniens ne connaissent pas les mêmes problèmes vis-à-vis du manque d’eau. Comme ne l’indiquent pas les chiffres précités, les faibles ressources hydriques israéliennes permettent à la population de l’Etat hébreu de vivre « à l’occidentale », sans véritable problème d’approvisionnement. Ce qui n’est pas le cas – c’est le moins que l’on puisse dire – des milliers de palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza. En effet, les moyens technologiques et les infrastructures modernes mis en place par Israël (usines de dessalement, technologies d’irrigation ultrasophistiquées, etc.) leur ont permis de limiter les pertes inutiles, mais aussi d’augmenter le volume de ses disponibilités hydrauliques nationales. La preuve de l’absence de pénurie nous est donnée par l’engagement de l’Etat hébreu, au début de l’été 2006, à accorder à la Jordanie, victime de sécheresse, un total de 20 millions de m3 d’eau douce .

    Si les uns arrivent à satisfaire leurs besoins – voire même plus –, les autres doivent se contenter de ce qu’il reste, c’est-à-dire pas grand-chose ! Si les citoyens israéliens bénéficient toute l’année d’eau courante en quantité illimitée, les Palestiniens souffrent d’un terrible manque d’eau durant l’été et quelques 200 000 d’entre eux ne sont pas reliés à un réseau de distribution d’eau courante. Ces exemples sont les effets les plus visibles de la politique israélienne de gestion et de distribution de l’eau, une politique particulièrement injuste à l’égard des Palestiniens, qui se traduit par des chiffres effarants : après les prélèvements des israéliens, les Palestiniens se retrouvent avec un total annuel disponible d’eau douce de 70 m3/habitant. Soit trois fois moins que ce qui leur revient de plein droit ! De plus, depuis l’occupation des Territoires palestiniens par Israël, un système de restrictions empêche les Palestiniens d’utiliser leurs ressources en eau pour satisfaire à leurs besoins. Cette législation discriminante empêche quelconque palestinien à creuser de nouveaux puits et leur impose des volumes de consommation extrêmement limités à respecter, pendant ce temps que les colons israéliens peuvent irriguer leurs terres, remplir leurs piscines ou laver leurs voitures à loisir. Au total, pas moins des trois-quarts des réserves souterraines palestiniennes sont librement exploités par l’Etat hébreu ! Si cela ne suffisait pas encore, une autre conséquence négative : la baisse de la qualité des eaux palestiniennes, qui se voient, comme dans toute situation de surpompage, soumises à une salinité démesurée et inquiétante. Cette situation est particulièrement préoccupante à Gaza, où l’eau de mer s’est introduite dans le bassin hydrographique côtier et actuellement, seuls 10 % de l’eau de ce bassin peuvent être considérés comme potables. A ce rythme, les experts estiment que la bande de Gaza et la côte israélienne n’auront plus d’eau potable d’ici 20 à 30 ans . 

 Sources :

  • B. Mikaïl, Israël-Palestine : des eaux sans remous ; in Dossier Proche-Orient, Lettre InterGéo 2 ; 2006 ; p26.
  • Palestine, Bulletin de l’Association Belgo-Palestinienne n°19, p28.

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